Association Nationale des Centres d'IVG et de Contraception

Presse


Libération.fr Tribune La meilleure contraception, c’est celle que l’on choisit librement Par ANCIC CADAC MFPF 12/10/17

Source : Libération.fr

Alors que des polémiques sont ravivées autour de la pilule contraceptive, le Planning Familial  , l’ANCIC et la Cadac rappellent notamment que la contraception doit être accessible à toutes et tous.

La meilleure contraception, c’est celle que l’on choisit librement

Depuis plusieurs mois, pétitions, ouvrages et articles se succèdent pour rapporter les « méfaits de la méthode de stérilisation Essure, du dispositif intra-utérin (DIU, ou stérilet) Mirena, de la pilule »… Ces témoignages trouvent un large écho dans les médias.

Nous, qui, ANCIC ou Planning Familial  , accueillons au quotidien des personnes en demande de contraception, sommes inquièt.e.s du retentissement donné à ces témoignages sans que puisse avoir lieu un véritable débat sur les avantages et inconvénients des méthodes contraceptives. Bien sûr, nous avons entendu les femmes qui ont été affectées sévèrement par Essure et nous savons que la pilule, comme toute autre contraception hormonale ou tout produit médicamenteux peut avoir des effets secondaires. Mais nous voulons rappeler un certain nombre de faits.

Si la contraception est encore en France trop souvent une affaire de femmes, la pilule a été pour elles une libération, en permettant de dissocier sexualité et procréation, et de choisir si et quand avoir un enfant.

Déconstruire les idées reçues

Chaque méthode de contraception (hormonale telle que pilule, implant  , patch  , anneau vaginal  , DIU, contraception définitive…) comporte des bénéfices, des contraintes et des risques d’effets secondaires. Toutes les femmes, loin de là, n’en sont pas affectées et il est regrettable que la parole ne soit pas donnée à toutes celles qui en sont satisfaites. Gardons l’esprit critique, vérifions les sources d’information, déconstruisons les idées reçues !

En ce qui concerne la pilule, les mises en garde contre celles dites de 3e et 4e générations et la diminution de leur prescription ont considérablement réduit les risques de thrombose ou d’accidents vasculaires cérébraux. De plus en plus de jeunes femmes n’ayant pas eu d’enfants bénéficient de la pose de DIU, alors que la France connaissait un grand retard dans sa prescription. Actuellement un grand choix de contraceptions s’offre aux femmes qui peuvent les adapter selon les moments de leur vie (fréquence des rapports sexuels, vie en couple ou non) et selon leurs conditions de vie : pilule œstroprogestative ou progestative, implant  , patch  , DIU au cuivre ou hormonal, stérilisation, préservatifs masculins ou féminins. Ainsi l’implant   contraceptif peut convenir aux jeunes femmes dont la sexualité est contrôlée par l’environnement familial…

Mais des progrès restent à faire en termes d’information, de délivrance, d’accessibilité : à quand la gratuité des préservatifs ? La prise en charge des 18-25 ans ? Aucune méthode n’est efficace à 100%, en revanche les méthodes médicalisées ont une efficacité théorique et réelle bien supérieure aux méthodes dites « naturelles » (méthode des températures, détermination de l’ovulation, retrait ou coït interrompu…). Si ces méthodes sont le choix de certaines femmes ou de couples, ce choix ne peut être érigé en « modèle, unique symbole de la libération de la femme ».

Education à la sexualité

Nous souhaitons réaffirmer que la meilleure contraception est celle que l’on choisit en toute liberté, et en toute connaissance de cause. Cette contraception doit être accessible à toutes et tous en termes de coût et de proximité. Les personnes qui demandent une contraception ont besoin d’être informées sur l’ensemble des contraceptifs, de façon juste, objective et fiable, pour faire un choix selon ce qu’elles estiment être pour elles avantages ou contraintes.

Nous pensons qu’il est important de développer la contraception masculine et déplorons le manque d’investissement dans ce domaine. La recherche actuelle et les essais déjà réalisés augurent de pistes intéressantes et nous serons présent.e.s pour accompagner ce développement à côté des hommes de plus en plus nombreux à vouloir s’y investir. Nous savons que la contraception masculine est entravée par des tabous qu’il faudra vaincre. Hommes et femmes sont confronté.e.s aux mêmes difficultés d’accès à la contraception définitive féminine ou masculine.

L’éducation à la sexualité joue là un rôle majeur pour que la contraception soit l’affaire des filles et des garçons, partenaires engagé.e.s au même titre dans la prévention des risques, le choix d’avoir ou pas un enfant.

Développer des méthodes innovantes

Alors, gardons l’esprit critique face aux mouvements divers, dont les motivations peuvent être contraires aux droits des femmes, et qui surfent sur les annonces médiatiques ; encourageons la recherche publique, indépendante des laboratoires pharmaceutiques pour étudier l’acceptabilité des méthodes existantes tant sur le plan médical que sur le plan social, et contribuer à développer de nouvelles méthodes, pour les femmes et pour les hommes.

Et si ces méthodes sont fiables et à ce titre misent sur le marché, qu’elles bénéficient à toutes et tous.

Exigeons des campagnes nationales régulières d’information sur la contraception. Ce qu’a permis la contraception est un acquis majeur pour les femmes : vivre librement sa sexualité sans assignation à la procréation. La contraception et l’avortement sont des conditions essentielles de l’égalité entre les femmes et les hommes et de l’émancipation des femmes, à qui la maternité choisie donne les moyens de leur autonomie et de leur liberté. Toute régression en ce domaine est inimaginable car elle contribuerait à la remise sous tutelle des femmes. C’est pourquoi nous nous battons pour amplifier ce progrès nécessaire à l’égalité.

l’association Ancic association nationale des centres d’IVG   et de contraception , l’association Cadac Coordination des associations pour le droit à l’avortement et à la contraception. , Le Planning familial